vendredi 17 février 2012

Borgen, quand Arte nous offre un bijou de fiction politique









Enfin ! Depuis "The West Wing", jamais une série télé n'avait autant enflammé les amateurs de fiction politique, et même les amateurs de fiction tout court.
Née en 2010 au Danemark, "Borgen" vient de recevoir le FIPA d'Or de la meilleure fiction 2011 (désolé pour "Les Hommes de l'ombre", mais là il n'y a pas photo), et rassemble là-bas près d'1,5 million de téléspectateurs par épisode, pour un pays qui compte à peine 5,5 millions d’habitants.
Sur ce coup, les Danois surpassent même les américains puisque NBC (qui avait diffusé TheWestWing entre 1999 et 2006) vient d'en acquérir les droits pour développer un remake US. Adam Price, créateur et directeur d'écriture, réalise un sacré tour de force. Non, nous ne sommes plus orphelins de "The West Wing" !
Le pitch de "Borgen" est simple : à la suite d'une surprenante conjonction de circonstances, Brigitte Nybörg, quadragénaire leader du Parti centriste, conquiert le pouvoir à la tête d'un gouvernement de coalition et se bat pour s'y maintenir, première femme accédant à ces fonctions au Danemark.

Mais jusqu'où aller pour le conquérir ? Jusqu'où aller pour le garder ? Qui écouter ? Comment parler ? Bref, quel exercice du pouvoir entre idéalisme et pragmatisme ?
Chaque épisode débute par une citation, simple, courte.

On passe des stratégies politiques à long terme, qui bien souvent achoppent, aux réactions sur le vif, en réaction à l'actualité.

On passe de débats publics et de polémiques nationales aux quatre murs entre lesquels ils sont bien souvent réglés.

Mais l'on passe également de la vie de la femme politique à la vie de la femme tout court, mère amoureuse qui tente de maintenir une once de vie privée dans ce constant débat public.

Etre une bonne Premier Ministre permet-il d'être une bonne mère et une bonne épouse ?
En parallèle, les intrigues s'enchevêtrent entre politiciens : alliances / retournements ; travestissement de la vérité/manipulation ; chantage/coups bas... Des sujets somme toute assez classiques en politique.

Mais la série va bien plus loin et reflète la sur-communication actuellement présente en politique, dans ses travers, ses excès et surtout son lien trouble les medias, entre spin doctors et journalistes.

L'ensemble des rouages du pouvoir sont ainsi passés en revue et les personnages de Brigitte Nybörg (la Premier Ministre), de Kasper Juul (brillant conseiller en communication), de Katrine Fonsmark (superbe journaliste blonde de TV1) ou encore de Bent Sejro (dirigeant adjoint du Parti centriste et Ministre des Finances) sont parfaitement interprétés. Leur épaisseur parfois surprenante.

Borgen

Tout s'enchaîne donc autour d'une cause : LA politique. La vie de la cité, telle que façonnée, telle que racontée, telle que manipulée. Bref, les 3 piliers de la démocratie que sont les politiques, la société civile et les medias, font LA politique.
A l'aune des meilleures séries US actuelles ( telle "The Good Wife"), "Borgen" s'empare de sujets chauds de nos démocraties modernes : transport illégal de "terroristes" par la CIA ; secret des sources des journalistes ; problématique environnementale, lobbys et magouilles politiciennes...
Déjà deux saisons de dix épisodes tournées (de 58 minutes chacun, un régal quittant les classiques 45mn pour raisons publicitaires), une troisième en production... De belles heures en perspectives.
Je reviendrai plus en détails sur l'analyse des rouages de communication politique mis en oeuvre dans la série dans un prochain post.
Précipitez-vous sur le replay, disponible sur le site d'Arte : http://www.arte.tv/fr/4317466.html

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