lundi 23 avril 2012

J-13 : Sarkozy vers une blitzkrieg droitière

Au lendemain d’un triste premier tour, reflet d’une France clivée, tous commentent des chiffres.

Des chiffres forts (plus de 80% de participation ; François Hollande à 28,63%), voire trop forts (Marine Le Pen à plus de 18%).

Des chiffres faibles aussi (Nicolas Sarkozy à  27% contre 31% en 2007), voire bien plus faibles qu’annoncés (Jean-Luc Mélenchon à peine à 11%) ou que ceux obtenus en 2007 (François Bayrou à peine à 9% contre 18,5% en 2007).

Mais quels vont être les actes ? Les actes des politiques, mais également les actes des Français, ce peuple éminemment politique qui, malgré les prévisions pessimistes et le perpétuel dénigrement d’une campagne jugée peu passionnante, fait toujours massivement valoir sa voix.

François Hollande est donc en tête, et semble devoir l’emporter. Une nouvelle fois, Nicolas Sarkozy est en danger, contesté.  Alors que rechercher ? Que signifier ? Adhésion ? Rejet ? Défi ?

Le Candidat-Président n’est jamais meilleur que dans l’adversité, dans la réplique.

Il est prêt à mener une bataille brève, intense, faite de mouvements ; les offensives menant aux contre-offensives, le tout n’étant que diversion pour ensuite déborder, vraisemblablement par la droite.



La lutte s’annonce intense. Décryptage de deux (sales ?) semaines que nous allons vivre jusqu’au second tour et qui risquent de ne pas grandir notre démocratie.


Le premier tour a confirmé que la France est un pays conservateur.

Malgré la crise et le fait que nous sommes le seul pays du monde où AUCUN des candidats à la présidentielle ne se revendique comme libéral et capitaliste, l’extrême Gauche reste somme toute assez faible, bien que disposant à sa tête d’un tribun hors normes.

Nicolas Sarkozy, qui a perdu 5-6 points en 5 ans, va donc continuer sur sa lancée.

Sarkozy : une blitzkrieg droitière


Puisqu’il a choisi d’agiter le Buisson, le Candidat-Président va poursuivre dans les ronces, en faire sortir les serpents, et tant pis pour les morsures.

Peu importe la forme et les dégâts collatéraux : aucune limite, seul le résultat compte, à court terme.

Pour réussir le tour de force de mobiliser les abstentionnistes, centristes et frontistes qui lui manquent, Nicolas Sarkozy n’a plus le choix. Il va jouer la carte de l’omniprésence.

Puisqu’il est acculé, le candidat Sarkozy va attaquer de toutes parts : provoquer, heurter, voire choquer, afin de tenter de faire bouger les choses. Mais surtout pour faire réagir, tressaillir, puis défaillir François Hollande.

Première offensive en date : proposer 3 débats dans l’entre-deux tour (ce qui ne s’est jamais fait et ne se fera pas).

S’il le pouvait, Sarkozy pousserait la logique à plein. Ce ne serait pas 3 débats qui seraient alors souhaités, mais 12 prime times, en live, sur 12 sujets choisis par 12 Français, coachés et présents en plateau.

Un sondage par vote par SMS/Internet clôturerait chaque joute oratoire.

Telles ses lois post faits divers, c’est un vote d’émotion que Nicolas Sarkozy a deux semaines pour susciter.

Et après lui le déluge. Tant pis si le vent soufflé soulève un tsunami bleu Marine de plus de 18 mètres et de près de 6,5 millions de voix.



L’acquisition des voix centristes et frontistes : un paradoxal défi

Le report des voix du Front National est loin d’être acquis pour Nicolas Sarkozy.

Cœur vite conquis, cœur vite reparti : les électeurs sensibles aux arguments droitiers employés en 2007 sont retournés, illico presto, à leur premier amour, plus motivés que jamais.

Marine Le Pen a fait campagne sur l'argument du "tous pourris", du rejet de l'UMPS. Les électeurs FN sont ainsi chauffés à blanc et rancuniers envers Nicolas Sarkozy.

Des voix frontistes expriment même  publiquement l'idée de voter Hollande « en se bouchant le nez, comme les socialistes en 2002 », afin de faire exploser la Droite et de permettre au Front national d’émerger comme jamais.

Le report des voix du FN risque ainsi d’être surprenant.

S'agissant des centristes, problématique différente mais même conséquence. Ces modérés, démocrates et pro-européens, ne voient pas d'un bon œil une telle droitisation. Or François Bayrou a rassemblé plus de 3 millions de voix : où vont-elles aller ?


Ces électeurs se trouvent dans une position inconfortable. Et le vote Sarkozy semble loin d’être acquis.

Si Bayrou a refusé de rejoindre une équipe donnée gagnante en 2007, sans consigne de vote mais indiquant ne pas voter Sarkozy, ce n'est pas pour rejoindre un candidat donné perdant en 2012 !

Sur le terrain, plusieurs témoignages concordants confirment cette tendance : autant l’enchainement de votes Bayrou/Sarkozy leur semblait évident en 2007, autant cette année c’est le choix Bayrou/Hollande qui semble l’emporter.

Sarkozy va donc devoir jongler, s'il ne veut pas voir sa campagne décrocher.




Abstention, piège à élection ?

Dès lors, une vraie question se pose. Alors que la participation augmente usuellement entre le premier et le second tour d’une élection présidentielle, ne risque-t-on pas d’assister à un recul de la mobilisation ?

L’abstention, comme symbole d’une profonde déception de ces électeurs frontistes et centristes que tout oppose, hormis une profonde désillusion envers le système bipolaire classique.

N’oublions pas qu’une fois la course présidentielle terminée, celle aux législatives s’engage.

La bataille est loin d’être terminée pour l'UMP, surtout avec un FN aussi haut.

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