jeudi 15 mars 2012

L’Europe, le va-tout charme de Sarkozy

Alors que le "push poll", sondage le faisant passer en-tête, tant attendu, est enfin arrivé et que l’on ne parle plus que du "croisement des courbes", Nicolas Sarkozy souffle le chaud et le froid sur les sujets internationaux.

Europe, OTAN, ONU, là où le Président Sarkozy s'agitait, réagissait, bougeait, désormais le candidat Sarkozy s'émeut, prévient, menace, et cela semble fonctionner, au vu de sa remontée.

Mais si l’urgence a pu nécessiter certaines actions unilatérales, cela n'est pas la règle.

« Sauver l’Euro » ne justifie pas tout et, à vouloir changer l’Europe sans consensualisme, Nicolas Sarkozy tente aujourd’hui un périlleux tour de force.

A quel prix ?




La grand-messe de Villepinte et la surexposition médiatique semblent avoir porté leurs fruits : Nicolas Sarkozy a enfin obtenu un sondage le plaçant devant François Hollande au premier tour, les media ne parlent plus que de cela, et il semblerait que la Gauche frémisse.

Mais s’il veut poursuivre la dynamique qui le porterait vers sa réélection, il est désormais salutaire pour Nicolas Sarkozy de maintenir le rythme dans sa campagne.

D'accélérer même, comme l'ont dit en coeur ses équipes ces derniers jours.

D'aller toujours plus vite, toujours plus fort, toujours plus loin ?

Pour faire campagne loin du « boulet » que représente son bilan, l’international et l’Europe sont d’excellents sujets.

Durant son mandat, Nicolas Sarkozy a effectivement agit et sur-agit, par un enthousiasme manifeste et un volontarisme sans faille. Sa présidence du Conseil de l’Union européenne en 2008 a même été unanimement saluée.

C'est ce qui fait sa force et c’est là-dessus qu’il peut le mieux se relancer.

Action, réaction et provocation semblent ainsi être ses leitmotivs, mais le Candidat n'efface pas le Président.

Vampirisant à nouveau les voix d'un FN voyant Marine Le Pen ramenée à 16% d’intentions de votes, la stratégie de provocation droitière mise en œuvre par Nicolas Sarkozy joue à plein.

Mais le jeu en vaut-il la chandelle ?


Nicolas Sarkozy navigue en eaux troubles, clivant dangereusement sur des sujets aussi sensibles que le chômage, l’immigration ou l’Europe.

Et ce n’est pas qu’en France que certains s’en soucient, comme le montrent le non-équivoque éditorial du Wall Street Journal, le présentant comme « Nicolas Le Pen », candidat à l’incroyable cynisme et critiquant sa «rhétorique anti-immigrants» et ses attaques contre la convention de Schengen.

Or le Candidat Sarkozy reste le Président de la France, ce pays aux multiples frontières, deux mers et un océan d’ouvertures, d’ambitions, de valeurs universelles et d’entreprises exportatrices.

Et c’est en s’ouvrant que la France sera forte, en promouvant son modèle, son système social, qui a si bien marché en ces temps de crise, empêchant que la catastrophe ne soit d’une trop grande ampleur.

La France ne peut être timorée à l’international, ne peut apparaître comme peureuse.

Et menacer d’actions unilatérales n’est pas réaliste, voire même contre-productif.

Attention à ne pas trop tâcher une Europe déjà bien froissée par nos hommes politiques nationaux, si prompts à lui jeter la pierre, quand bien même le feu proviendrait de leur terrain, de leur compétence.

En agitant les peurs, en posant des ultimatums à ses partenaires, Nicolas Sarkozy n’use pas des bonnes armes pour arriver à plus de réciprocité, plus d’équité, plus de politiques communes.

Ce n’est pas parce que Nicolas Sarkozy a choisi de faire revenir l’Europe dans la campagne présidentielle française, que la France est pour autant « de retour en Europe » !

Il peut sembler pertinent pour Nicolas Sarkozy de poursuivre son « tour de passe-passe », afin de se transfigurer en Candidat du Peuple, après avoir été stigmatisé comme le « Président des Riches ».

Il peut également sembler pertinent pour cela de se saisir du sujet "démondialisation" ou "remondialisation".

Mais s’en saisir en intimant que de nouveaux rapports de force à l'international adviennent peut paraître dangereux.

A trop suivre sa ligne droitière, Nicolas Sarkozy pourrait s'égarer.


L’on saisit bien où le candidat Sarkozy veut en venir, mais à jouer avec le feu, il risque bien de s’y brûler.

Voire même, et cela serait bien plus grave, de parer d’une triste fumée grise l’image de la France, qui représente notre plus grand patrimoine en ce début de 21ème siècle, ou pire, d’embraser nos relations diplomatiques.






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