dimanche 4 mars 2012

Une campagne 2012 sous un climat délétère : quelle incidence sur le taux de participation ?

Alors que les candidats se rendent coup pour coup, que les critiques fusent et que les bas mots volent, chaque jour les commentateurs font ce sempiternel constat : quelle basse campagne !

Que le niveau est faible ! Que d’injures, d’invectives ! Et surtout, quel manque de fond !

Mais quel en sera l'impact sur le taux de participation ?





De tels propos sur le faible niveau des débats avant les élections présidentielles sont monnaie courante lors de ces campagnes, campagnes politiques par excellence.

Il n’en reste pas moins que la tentation de glissement loin du fond, mais aboutissant parfois à toucher le fond, tend à progresser.

Il est certain que plus les compétences seront transférées afin de tenter d’exister à travers une Europe politique, moins nos politiques nationaux auront de marge de manœuvre.

Plus l’inéluctable processus transfrontière de mondialisation s’amplifiera, moins l’attache nationale aura de prise concrète.

Dès lors, que reste-t-il à nos candidats, qui s’adressent à des électeurs locaux, dans le cadre d’une campagne nationale ?

Comment jongler entre cet environnement international et ces préoccupations bien concrètes et nationales ?

Bref, comment conjuguer espace mondial et « terre à terre » ?

C’est le paradoxe auquel sont confrontés nos candidats, qui tentent d’être audibles, précis et efficaces, dans un environnement qu’ils savent ne pouvoir maîtriser pleinement.

La tentation est alors grande de différer ces préoccupations fort complexes, d’éviter le débat de fond, pour se focaliser sur la petite phrase et le bon mot.

Plus facile pour les candidats, cela est également vrai pour les media, qui les premiers sont friands de ces Une faciles suscitant d’infinis débats, discussions « café du commerce » labellisées intellos du fait de la présence d’emblématiques experts omniprésents et polydébatants.

Mais ces gains d’efficacité politiques à court terme ne seraient-ils pas la source de catastrophiques reculs à long terme ?

A force de ne pas affronter la réalité en face, quitte à devoir faire preuve d’une pénible pédagogie, les politiques et les media ne pervertissent ils pas peu à peu le jeu démocratique ?

Je pense qu’un indice simple permettra de réaliser les méfaits de ce triste constat : le taux de participation.

Les électeurs sont à la démocratie ce que le cœur est au corps humain.

Sans eux, pas de fonctionnement possible, pas de pulsation, pas de vie.

Alors quelle conséquence aura la campagne actuelle sur le taux de participation les 22 avril et 6 mai prochains ?

L’INSEE nous livre d’intéressantes analyses des taux de participations aux élections présidentielles 2007 et 2012, par génération :

En %
Élections présidentielles 2007
Élections présidentielles 2002
Génération
Taux de participation au 1er tour
Taux de participation au 2e tour
Taux de participation au 1er tour
Taux de participation au 2e tour
Génération 1920
76,8
78,2
73,0
79,8
Génération 1930
87,5
87,9
81,0
86,3
Génération 1940
91,0
90,8
79,7
86,4
Génération 1950
89,9
89,6
76,5
85,3
Génération 1960
87,4
88,1
72,3
81,6
Génération 1970
84,5
84,0
63,7
73,9
Génération 1980
80,9
79,8
68,4
78,1
Lecture : 68 % des inscrits nés dans les années 1980 ont voté au premier tour des élections présidentielles de 2002.
Champ : électeurs inscrits en France métropolitaine.
Source : Insee, enquête participation électorale 2007, enquête participation électorale 2002-2004.

Plus schématiquement, l’Assemblée nationale nous livre le taux de participation  aux élections présidentielles depuis 1965:




Nicolas Sarkozy avait réussi à susciter un taux de participation incroyablement élevé  de plus de 80% en 2007.

Quelle sera l’incidence de sa faible cote de popularité actuelle sur ce chiffre en 2012 ?

Les électeurs déçus vont-ils solliciter les extrêmes, ou bien ne plus se déplacer ?

Rien ne serait pire, car qui ne se sent plus concerné, qui s’est senti berné, ne se sent plus représenté, et est d’autant plus prompt à tout envoyer balader…

La question ne semble pas passionner en tous cas.

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