mercredi 29 février 2012

Education, Syrie, Génocide arménien : sale temps pour Sarkozy



La bourrasque de Nicolas Sarkozy avait débuté dès lundi au micro de RTL :
« Il y a un peu plus de 400 000 élèves de moins dans l'Education nationale depuis dix ans et il y a 45 000 professeurs de plus. S'il suffisait d'embaucher des profs pour que l'école fonctionne et que les profs soient heureux, on devrait avoir l'école qui fonctionne le mieux au monde et les professeurs les plus heureux du monde. »
Mais sa mauvaise phase également : face aux remous suscités par l’annonce de tels chiffres, son équipe de campagne avait dû rectifier le tir en concédant que Nicolas Sarkozy s'était « juste trompé sur la date de départ de la période ». « Sa langue a fourché, il voulait dire depuis vingt ans et non pas depuis dix ans ».

Ce mardi 28 février, Nicolas Sarkozy animait sa quatrième grande réunion publique depuis sa déclaration de candidature le 15 février, consacrée cette fois à l’Education.

La journée se poursuivit sur la même lancée pour Nicolas Sarkozy. De quoi le faire chavirer ?




Sur le pont, le Candidat-Président-Capitaine est affirmatif : il faut « profondément transformer l'enseignement scolaire. Ces dernières décennies, les élèves ont beaucoup changé, mais pas l'école, ou pas suffisamment. Si l'on veut rétablir l'autorité, si l'on veut vraiment améliorer les apprentissages, la relation du professeur à l'élève ne peut se limiter aux heures de cours »



A tout discours, ses annonces phares : Nicolas Sarkozy propose que les professeurs du second degré volontaires puissent passer de 18 à 26 heures de présence dans l'établissement par semaine, pour gagner 25% de salaire en plus, « soit près de 500 euros net par mois ».

Autre annonce, qui peut sembler plus dérisoire mais que Nicolas Sarkozy considère comme  « une révolution dans les collèges », le fait que les professeurs puissent disposer d’un bureau.

Enfin, Nicolas Sarkozy a porté un thème fort de son positionnement politique : l’autorité.
Selon lui, on a eu  « tort de mettre l'enfant au centre de l'école en abaissant l'autorité du maître et l'autorité du savoir ».
« L'école de la République, c'est l'école de l'autorité. L'autorité n'est pas un mot tabou. L'école est le lieu où l'enfant rencontre une autre autorité que celle de ses parents ».
Avec ces propos, il conforte son électorat et tente de maintenir son positionnement d’Homme de poigne, en charge désormais de la sécurité des Français depuis près de dix ans.
Seul hic, il semble que Nicolas Sarkozy se soit embrouillé dans ses notes mardi soir, zappant tout un paragraphe de son discours, qui contenait pourtant une annonce majeure !

Le candidat UMP aurait mal lu ses cartes. Il avait en effet l’intention d'annoncer son souhait d'exonérer la maternelle et l'élémentaire de la règle du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux, mais n’en a pas dit un traître mot.

Au service de presse du candidat de s’efforcer de rattraper l’erreur en communiquant l’information aux journalistes après le meeting, mais adieu les belles images et bonjour la confusion…

Côté attaques, Nicolas Sarkozy fustigea à nouveau la proposition de François Hollande de créer 60 000 postes d’enseignants. Son leitmotiv est de promouvoir le qualitatif au quantitatif :

« Nos enseignants sont mal payés car ils sont trop nombreux »
« Si le nombre d'enseignants était le problème, nous devrions avoir la meilleure école du monde », a-t-il ironisé.

Nicolas Sarkozy soupira même « Comme si tout devait se réduire à une affaire de quantité ».

Le soufflet se révèle toutefois particulièrement ambigu car, si Nicolas Sarkozy vante les mérites du « travailler plus », la Gauche, elle, se positionne sur le « travailler mieux ». L’argument de ne pas tout réduire à une affaire de quantité est ainsi (trop) aisément retournable !

Et l’on ne s’en arrêta pas là.

Traversant le jour comme l’on porte sa peine, rien ne fut épargné à Nicolas Sarkozy.

Ce qui semblait une bonne nouvelle ne l'était pas, il fut contraint de reconnaître qu'une erreur de navigation l'avait poussé à annoncer de façon erronée l'évacuation de la Syrie de la journaliste du Figaro, Edith Bouvier.

Et comme cela ne suffisait pas, ce fut au tour du Conseil constitutionnel, dans un climat de tempête, de censurer dans le même temps la loi interdisant la remise en cause du génocide arménien, alors que Nicolas Sarkozy porte ce projet depuis le départ.

Et si Nicolas Sarkozy souhaite désormais qu’on nouveau texte soit étudié, celui-ci ne pourra pas être inscrit à l’ordre du jour avant la prochaine législature, selon les dires même de Jean-François Copé…

De quoi plier les voiles !

Bref, sale journée tant pour le Candidat que pour le Président, dont l'image de capitaine du navire France, tenant d'une main assurée le gouvernail, ne sort pas confortée.

Mais pourquoi de tels cafouillages ? Et que signifient-t-ils ?

Si la politique est faite de grandes manœuvres, une campagne bascule elle sur de petits détails.

Actuellement, Nicolas Sarkozy subi les vagues, plie, mais ne rompt pas, attendant que cette longue traversée se termine.

Une fois le calme revenu, on fera état des dommages, minimisés autant que possible.

Mais en parallèle, force est de constater que tout sourit à François Hollande.

Un François Hollande à qui personne ne reproche plus le « sale mec », tandis que cette tournure a pu s’ancrer dans l’esprit populaire.

Un François Hollande qui sort grandi de son enfarinage, qui loin de le tourner en ridicule l’a plutôt placé sous un œil bienveillant.

Un François Hollande, qui sur la récente polémique relative à la suppression de la prime pour l’emploi a su désamorcer l’annonce faite par Nicolas Sarkozy d’un gain de 1000€ par personne, à partir d’un chiffre qui semble erroné, mais a permis de décrédibiliser totalement le chiffre annoncé par Sarkozy en incitant tous les journalistes à sortir leurs calculettes.

Un François Hollande, enfin, qui parvient à imposer ses propositions dans les media, parfois même par la surprise et potentiellement au détriment de ses soutiens, ainsi que Jérôme Cahuzac a pu en faire les frais.

Comment Nicolas Sarkozy sortira-t-il de cette "sale période" ?

Le capitaine Sarkozy a connu bien trop de mésaventures pour sombrer du fait de quelques intempéries.
Mais il n'est plus ici question d'excès de com', d'annonces flamboyantes.

Il s'agit simplement de provoquer et faire revenir cette inéluctable part de chance, de réussite, qui lui fait criement défaut et lui permettrait de voguer vers un second mandat.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire