lundi 27 février 2012

François Hollande dans la soporifique émission "Parole de Candidat" : se présidentiabiliser, dispenser des tâcles aiguisés et ... Cahuzac couler !


Dans le cadre difficile d’un format d’émission insipide, qu’il n’a su égailler que par éclats, François Hollande était ce soir devant les Français sur la première chaîne.

Alternant questions en plateau de profils castés sur mesure, de journalistes trop nombreux et de questions Internet en vrac et semblant parfois téléguidées, il s’est démené pour faire passer ses idées et expliquer son programme.



Mais François Hollande a surtout cherché à rassurer.



Rassurer par son volontarisme d’abord par des mots revenants sans cesse : « je ne peux pas l’accepter » ; « c’est innacceptable » ; « je veux m’engager sur »



Sur la délinquance, avec un premier crochet indirect pour celui qui en a la charge depuis près de 10 ans : « Moi je ne peux pas l’accepter. Vous avez vu ce qui se passe à Marseille ? »



Et sur la justice : « Je n’ai pas encore de responsabilité, mais ça viendra, je les revendique. »



Rassurer par son caractère presque pacifique ensuite, autour d’une valeur centrale de rassemblement, qu’il promeut de vive voix : « la jeunesse doit être la grande ambition collective » ; s’agissant des agriculteurs : « si vous voulez être forts, il va falloir vous regrouper autour d’un contrat collectif »



A Michel Field l’interrogeant sur Bayrou, Hollande s’affirme et incarne son statut de favori des sondages :



« Franchement, je suis socialiste, je présente un projet, j’essaie de convaincre le plus grand nombre de Français possible de voter pour moi au premier tour. Moi je ne considère pas que ma qualification au 1er tour soit assise d’avance. Je fais cette campagne de premier tour. Si je suis au second tour, sur la base de mon projet, ceux qui voudront me rejoindre le feront. Je n’aurai rien à troquer, j’ai trop de respect pour les candidats et pour les Français pour rentrer dans ce processus.


Côté petites phrases, François Hollande l’affirme : pour lui, la présidentielle n’est pas un jeu et il n’est « pas dans un affrontement personnel avec Nicolas Sarkozy. »


Ainsi, dès le début de l’émission, Laurence Ferrari demanda à François Hollande de réagir sur les attaques proférées à l’encontre de sa compagne le matin même sur RTL par Nicolas Sarkozy.

 
Quelles seront les 1ères réformes de Hollande s'il est élu ?  

A cela, François Hollande répondit que pour lui, seule la « résistance » est une réponse appropriée : il pourrait répondre, mais ne le souhaite pas.


Il en profita pour enchaîner sur la notion « d’élégance » française dans le combat rhétorique, qualité qui manquerait de façon criante à Nicolas Sarkozy...


Ainsi, tout au long de la soirée, sans jamais s’y attarder, mais en réussissant à toujours en distiller, François Hollande égratigna Nicolas Sarkozy qu’il continue de ne jamais nommer, parlant du « candidat sortant » ou d’« un candidat qui disait que… », cherchant même parfois à l’évincer du débat : « Répondons à la question et oublions un moment le candidat sortant. »


A propos de sa proposition de retour sur les exonérations fiscales des heures supplémentaires, un coiffeur patron d’une vingtaine d’employés à Boulogne-Billancourt  pressa François Hollande : « N’êtes vous pas en train de régler vos comptes avec le « travailler plus pour gagner plus ? ».


Serein, François Hollande répondit en rassembleur de la Nation : « Moi je ne veux pas régler des comptes, je veux essayer d’améliorer les comptes de la maison France ! »


Et en profita pour installer ces petits marqueurs à Gauche qu’il ne cesse d’insuffler : « On ne peut pas faire travailler d’avantage ceux qui ont déjà du travail, alors qu’il y en a tant d’autres qui voudraient travailler » !


Et poursuivit,  en répondant à une attachée de direction sortant d’un chômage de 18 mois, par un nouveau tâcle : « Je veux m’engager sur l’emploi » ; « avoir eu 1 million de chômeur en plus sur le dernier quinquennat c’est un échec », suivi d’une déclaration volontariste : « Chaque personne qui se présenterait à Pôle Emploi serait dans le cadre d’un contrat avec Pôle Emploi ».


Pour parler de sa « proposition centrale dans le cadre de la campagne », le contrat de génération, François Hollande fit dans le pur storytelling en racontant une magnifique histoire.


Celle du « vieux salarié », qui a travaillé dur, et ne demande qu’à partir en retraite et celle du « jeune salarié », qui passe d’emplois précaires en emplois précaires et ne désire rien de plus qu’un emploi stable, tous deux venant lui parler lorsqu’il rencontre les Français.


Face à deux demandes paradoxales, contradictoires, mais incroyablement complémentaires, François Hollande propose son contrat de génération.


Sur cette proposition forte, François Hollande semble convaincu et, comme les comiques dans les spectacles de stand-up qui sont les premiers à rire de leurs propres blagues, c’est très communicatif.


Et la dérision, François Hollande sait faire.


Interrogé sur le train de vie de l’Etat : le candidat socialiste réaffirme son souhait de baisser de 30% le revenu du Président de la République, tout en précisant que  puisque l’actuel s’est augmenté de 170%, il « considère donc qu’il reste encore une marge » !


Mais Hollande sait également vanner sérieux : à propos de la justice, les attaques sont franches :


« Moi je n’ai pas besoin d’avoir je ne sais quel juge pour protéger je ne sais quel proche ou ami. Moi je n’ai pas besoin de nommer les procureurs pour qu’ils instruisent ou n’instruisent pas sur telle ou telle affaire ».



« Il ne s’agit pas de multiplier les lois, il s’agit de les faire appliquer ».


Tout en s’élevant et marquant sa stature de Père de la Nation :


« Sur les affaires j’ai une règle simple : la justice, toute la justice ; Et ceux, de tous partis, qui sont condamnés pour des faits de corruption, ne pourront plus se présenter à des mandats publics. »

Hollande veut imposer les très riches à 75% 

Ainsi, tout au long de la soirée, Hollande a cherché à esquiver les attaques trop directes et franches, dépasser cela, afin de se présenter en rassembleur de la Nation et de réduire le Président actuel à portion congrue, à ce statut de « candidat sortant ».


A mot à peine couvert, il s’en pris également au Président girouette, incarnant tant le bling-bling que l’ouvrier.


A cela, il oppose sa normalité, pour une fois bégayant, à l’image de Nicolas Sarkozy parlant du Fouquet’s sur TF1 :


« Ce que je veux, c’est …  c’est …  c’est être d’abord moi-même ! Je n’ai pas à être dans un rôle. Je n’essaie pas de plaire aux uns ou de plaire aux autres pour être dans une espèce d’indifférenciation. »


Et François Hollande s’enflamma même parfois, dans des élans presque grandiloquents ;



« Ceux qui voudront voter pour ma candidature feront le changement.


La République est faite d’Hommes et de Femmes qui ont servi. Il faut essayer de rassembler avec le sens de l’Histoire. »


Une chose est sûre, François Hollande veut gagner, mais François Hollande veut durer également, pour preuve, en répondant à un médecin, il évoqua son « lointain successeur », première projection vers un second mandat.


Physiquement, plus la soirée avançait, plus François Hollande paraissait à l’aise, se détachant de son pupitre, prenant l’espace tant par le corps que par les mots, sans toutefois se déplacer à travers le plateau.


Au final, l’on retient de ce passage quelques positions fortes.


Son contrat de génération, assurément.


Sa précision relative aux « riches », qu’on lui reproche de « ne pas aimer » : François Hollande affirme ne pas accepter « la richesse indécente » et vouloir « taxer à 75% les revenus supérieurs à 1 million d’euros par mois », pour ensuite préciser « par an »


Et c’est justement sur cette proposition qu’il a surpris tout le monde.


Twitter s’en est ému, et cela n’a pas manqué, à peine l’émission terminée commençait Mots Croisés sur France 2. L’occasion était trop belle, Yves Calvi fit réagir à chaud le socialiste du plateau, Jérôme Cahuzac, chargé du pôle budget, finances, et fiscalité dans l’équipe de campagne de François Hollande.


Le désarroi fut grand, Jérôme Cahuzac semblait ne pas en être informé…


Hic de com’ flagrant, situation très dure à gérer, les rouages ne sont pas encore parfaitement lissés.

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